5ème journée régionale du Tutorat en psychiatrie

Vendredi 7 décembre 2018

Le tutorat en psychiatrie : quelles expériences pour quelle professionnalisation ?

En 2016, nous avons conclu notre 4ème journée régionale du tutorat par une intervention intitulée « tutorat : vers une professionnalisation ? »

Cette question reste d’actualité et mérite d’être abordée plus précisément.

Une mise en perspective historique laisse apparaitre deux mouvements majeurs lorsque nous nous intéressons à la formation des infirmiers en psychiatrie.

Le premier mouvement concerne la place des enseignements relatifs à notre discipline dans la formation initiale des infirmiers. Le changement de paradigme opéré en 1992 a fait passer une formation spécifique dans ses apports liés à la psychiatrie (1973 et 1979) à une formation généraliste consacrant le modèle de l’infirmier « polyvalent ».  Cette évolution consacre le passage d’une formation organisée en réponse à des besoins disciplinaires à une formation où « l’employabilité » semble devenir la priorité.

Ce mouvement de réduction des heures d’enseignements disciplinaires s’est traduit par une délégation de la responsabilité de la formation, dans sa charge organisationnelle et financière, aux établissements de santé mentale. Ceci nous ramène au contexte de 1955 quand la formation des professionnels concernant les savoirs disciplinaires reposait sur la volonté de quelques acteurs locaux. Le tutorat s’inscrit dans un sursaut des pouvoirs publics en 2006 lié au plan santé mentale 2005-2009 (PPSM), lequel, rappelons-le, a fait suite au drame de Pau (2004). Hormis en région Auvergne Rhône Alpes, les crédits afférents à ses actions ne furent pas reconduits dans les PPSM suivants.

Le deuxième mouvement concerne la nature des savoirs attendus pour l’exercice professionnel des infirmiers en psychiatrie. Cette dimension épistémologique nous conduit à deux constats.

Le premier constat est celui de l’introduction de nouveaux savoirs.  D’une part ceux en lien avec l’évolution de la formation et son caractère polyvalent (1992 et 2009). On parle ici des savoirs nécessaires à la prise en charge somatique.

D’autre part ceux liés à la naissance de savoirs spécialisés relatifs aux évolutions des sciences et techniques (réhabilitation, place des neuro sciences, l’ETP, l’interface avec le médico-social etc..).

Le second constat est celui de la reconnaissance des savoirs spécifiques et transférables issus de l’activité professionnelle quotidienne des soignants, un creuset ou s’élabore des relations soignants/soignés, une qualité de présence et des savoirs faire avec « la folie ». A l’instar de l’exemple de Jean-Baptiste Pussin, Daumézon (1974) pointait une antériorité des savoirs expérientiels issus de l’activité infirmière sur le savoir des aliénistes. Ces savoirs expérientiels restent cependant peu formalisés mais sont pourtant des éléments clés d’une professionnalisation des jeunes professionnels.

Le tutorat est au carrefour de ces mouvements.

Si sa mission explicite est définie en région par le cahier des charges rédigé par l’ARS, son objet implicite est par nature peu formalisé. Il porte électivement sur des savoirs et des fondamentaux issus de pratiques centrées sur le quotidien, tels qu’énoncés dans le deuxième constat. Le tutorat porte sur la connaissance et la reconnaissance de la propre expérience du binôme tuteur/tutorant.  Il permet d’en traduire les logiques d’action et de dégager la grammaire et les singularités d’une clinique infirmière en psychiatrie.

Tous les rapports produits depuis le début des années 2000 pointent la question de la formation des infirmiers à la discipline. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, force est de constater que les dispositifs de tutorats, avec leurs limites, perdurent.

 

La 5ème journée régionale du tutorat, organisé sur le site du Valpré à Ecully (69) par le Centre Hospitalier de Saint Cyr au Mont d’Or vous invitent à venir partager vos expériences et à réfléchir ensemble aux devenirs de nos dispositifs.

  • Savoirs expérientiels, connaissance et reconnaissance d’expérience : de quoi parle-t-on ? que partage-t-on ?
  • Sur quels champs d’activités ou quels savoirs reposera demain la professionnalisation de l’infirmier en psychiatrie ?
  • Quelles voies pour la professionnalisation de nos tuteurs et de nos dispositifs. (Infirmier expert clinicien, infirmier de pratiques avancées, 4ème année de spécialisation etc ?)

programme de la journée et modalités d’inscription

 

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